Alors que les institutions françaises et européennes semblent plus que frileuses vis-à-vis du développement du marché crypto, la Société Générale décide au contraire d’intégrer ce marché afin de se positionner comme intermédiaire pour les régulateurs. Quelques mois après avoir fait sa première transaction DeFi en empruntant 30 millions en DAI sur DAOMaker, sa filiale d’innovation Société Générale Forge vient de créer CoinVertible, son stablecoin adossé à l’euro. La société ne fait plus simplement partie des utilisateurs mais devient un acteur à part entière de la finance décentralisée.
Qu’est-ce que CoinVertible ?
L’annonce d’un stablecoin créé par une banque semble à contre-courant des critiques grandissantes vis-à-vis de ces tokens adossés aux monnaies légales. Forge a donc pris toutes les précautions pour que son stablecoin soit considéré comme un actif numérique. Il lui faut donc répondre à des critères très strictes en matière de réserve, notamment une séquestration totale des actifs qui servent à garantir le prix de ce stablecoin.
CoinVertible (EURCV) est un stablecoin créé sur la blockchain Ethereum. Forge est déjà en discussion avec certaines plateformes d’échange pour lister son stablecoin et l’introduire ainsi dans la DeFi.
Quel usage pour l’EURCV ?
Il ne faut pas s’attendre à pouvoir minter librement des EURCV comme on peut le faire pour le DAI de MakerDAO ou le MAI de QiDAO. Pour l’instant, ce produit s’adresse aux institutionnels qui répondent à certaines exigences (dont le KYC et KYB). Il pourra cependant être ensuite utilisés par les protocoles DeFi.
Le but de la société générale est de servir de garant au fonctionnement de la finance décentralisée auprès des régulateurs, qui visent particulièrement les stablecoins. Ces derniers pourront ainsi avoir une légitimité qu’ils ont tendance à perdre depuis le crash de l’UST de Terra. De plus, en proposant un stablecoin adossé à l’Euro, Forge se positionne comme concurrent institutionnel face à l’EUROC de Circle. Cependant, le smart-contract de l’EURCV montre qu’il sera beaucoup plus regulé que l’USDC (toute transaction devant faire l’objet d’un approve).
Même si le marché crypto peut voir l’apparition du EURCV comme un coup de com’ de la part de la société générale, elle n’est cependant pas anodine. Alors que la loi MICA est votée par les institutions européennes, le besoin d’interlocuteur reconnu par les insitutions se fait sentir et la Société Générale veut clairement jouer son rôle dans ce domaine.