Cardano est en Europe, et plus particulièrement en France, un réseau mal-aimé. Depuis le lancement attendu des smart-contracts en septembre 2021, l’attention s’est plus tournée vers les difficultés de développement de l’écosystème que sur ses atouts. Pourtant, leur classement en prenant en compte la TVL le place en 18ème position avec une TVL de 168 millions. Même s’il est encore loin de concurrencer non seulement Ethereum mais aussi la BNB Chain, Arbitrum ou encore Polygon, son dynamisme montre que les obstacles à son expansion s’effacent peu à peu.

Une infrastructure en progrès

Après les nombreux problèmes de développement qui ont suivi la mise en place des smart-contracts, l’équipe de Charles Hoskinson s’est focalisée sur l’amélioration du réseau. La mise à jour Vasil en septembre 2022 a déjà été en grand progrès en termes de scalabilité. En plus du travail sur les nodes, l’effort s’est concentré sur les outils pour faciliter le travail des développeurs.

Le travail sur la gouvernance est peut-être le plus attendue car il ouvre l’ère Voltaire, la dernière phase de la roadmap initiale de Cardano et succède à l’ère Basho centrée sur le scaling. Alors que l’ère Shelley, la deuxième de la roadmap avait initié la décentralisation des nodes, l’ère Voltaire permettra à la communauté de prendre part à la direction du réseau. Une trésorerie sera mise en place qui pourra ainsi être gérée par des votes de gouvernance. Même si Input Output Global (IOG), la firme derrière Cardano, sera encore présente, l’avenir du réseau ne dépendra plus d’elle. Le réseau Cardano suit ainsi un chemin parallèle à Polkadot qui ouvre aussi une nouvelle ère de décentralisation avec le modèle OpenGouv déjà mis en place sur Kusama. Si ces nouveautés amèneront Cardano et Polkadot parmi les réseaux à la gouvernance la plus décentralisée (en mettant délibérément de côté le Bitcoin qui repose sur des principes totalement différents). Cependant, les difficultés que rencontre la gouvernance décentralisée du Cosmos Hub montre qu’il ne faut pas idéaliser cette ère et qu’elle s’accompagnera sans aucun doute d’une série de tensions.

Les principales applications de l’écosystème

Pour l’instant, les deux pôles de l’écosystème Cardano sont la DeFi et les métavers. Le premier pôle est pour l’instant le plus important. Minswap semble s’imposer comme le DEX principal avec une TVL de 58 millions de dollars et une dominance de 35% sur la TVL de la blockchain. WingRiders est le seul autre DEX qui a réussi à se positionner sur le réseau avec 18 millions de TVL. Enfin avec 9 et 8 millions de TVL, MuesliSwap et SundaeSwap restent très en retrait par rapport à leurs concurrents. 

Trois autres protocoles importants sont à noter: Indigo pour les assets synthétiques (TVL: 29 millions), Djed le protocole pour minter le stablecoin du même nom (TVL: 16 millions) et enfin Liqwid, un protocole de lending (TVL: 14 millions). On peut remarquer que le domaine du liquid staking n’est pas encore développé sur le réseau.

Du côté métavers, trois projets en développement sont à surveiller et ont réussi à construire une communauté soudée: Pavia, qui reste le projet central, Virtua et enfin Carda Station, ce projet étant sans aucun doute le plus avancé pour l’instant. Enfin, comme sur beaucoup de réseaux, le marché des NFT peine à se réveiller après avoir connu une belle croissance en 2022.

Cardano est sans doute victime de son succès. Habitué au top 10 depuis 2018, la cryptomonnaie ADA est surveillée de près. Chaque retard est un argument supplémentaire pour ses détracteurs et, en effet, il lui pour l’instant difficile de rivaliser avec ses propres concurrents comme la BNB Chain, Polygon et Solana, sans parler de la BNB Chain. Cependant, la période du bear market a été paradoxalement bénéfique au réseau et lui a laissé le temps de gagner en scalabilité et en applications. Avec l’arrivée de l’ère de la décentralisation, nous devrions assister à une nouvelle grande étape de ce réseau.