De même que le changement de nom de Facebook et l’annonce de son monde virtuel a créé la première hype métavers fin 2021, la sortie de ChatGPT par OpenAI mais en avant toute la thématique de l’intelligence artificielle. Au delà de la hype on peut se demander quel est le rapport entre la technologie blockchain et l’intelligence artificielle.

Parmi, les projets crypto utilisant l’intelligence artificielle, on peut citer Fetch.AI, Singularity.Net et le nouveau Bittensor. Il serait trop long d’analyser chacun de ces trois projets. Après avoir exploré les différents points de connexion entre l’IA et la technologie blockchain, nous nous focaliserons dans cet article sur Fetch.AI qui est un projet appartenant à l’écosystème Cosmos.

Pourquoi relier Intelligence Artificielle et blockchain ?

En fait on peut reformuler la question de deux manières : Qu’est-ce que l’intelligence artificielle peut apporter à l’écosystème blockchain ? et Qu’est-ce que la technologie blockchain peut apporter à l’intelligence artificielle ?

Qu’est-ce que l’intelligence artificielle peut apporter à l’écosystème blockchain ?

En fait, l’intelligence artificielle peut être utile pour tout ce qui demande des automatisations. Chat-GPT, Dall-e, Midjourney sont devenus incontournables. Du côté crypto, les collections de NFT générés automatiquement à partir de quelques traits font partie de cette même nébuleuse de l’automatisation. De même, les assets des métavers peuvent aussi être générés par l’intelligence artificielle à partir de données collectées.

Cependant ces deux usages ne sont pas directement en lien avec la technologie blockchain mais servent des applications construites au-dessus de la technologie blockchain. La blockchain Velas fait un pas supplémentaire en utilisant l’intelligence artificielle dans le consensus de son réseau. L’intelligence artificielle est là pour ajuster les trois pôles du trilemme des blockchains (Sécurité / scalabilité / décentralisation ) selon les besoins du réseau afin d’obtenir un consensus le plus dynamique possible. 

Peut-être que la question la plus intéressante est la question inverse ? Qu’est-ce que la technologie blockchain peut apporter à l’intelligence artificielle ?

La première réponse est en fait classique. Elle peut apporter la décentralisation. En effet, pour fonctionner l’intelligence artificielle a besoin de collecter énormément de données. De plus, en l’interrogeant, on lui permet d’affiner ses réponses. Or OpenAI a déclaré qu’elle se réserve le droit d’utiliser et donc de monétiser, les données qu’on fournit à ChatGPT.

La technologie blockchain permet ainsi de conserver la propriété et l’usage des données qui transitent par l’intelligence artificielle. Elle permet donc une commercialisation plus équitable des datas grâce à cette décentralisation et de cette tracabilité. Avec cette question de la propriété, le questionnement autour du rapport entre IA et blockchain nous met au coeur du web3.

De plus, la technologie blockchain peut donner plus de transparence aux modèles utilisés dans le machine learning. Depuis 2019, Microsoft a construit un modèle sous forme de smart contract sur Ethereum

Présentation de Fetch.AI

Fetch.AI est un projet lancé en 2018 par l’entreprise du même nom basée à Cambridge qui a un but très simple: utiliser la technologie blockchain pour créer une véritable économie des data. Pour cela, Fetch.AI veut créer des agents autonomes capables de collecter, partager et vendre des datas. Cet objectif s’appuie sur une représentation numérique du monde réel dans lequel les agents autonomes pourraient interagir. Les AEA (Autonomous Economic Agent) ont pour but d’agir à la fois pour simplifier la vie des propriétaires et d’optimiser les revenus générés par les data des objets en interaction. Les usages sont multiples (automation, IoT, micro-transactions…).

Après une ICO en 2019, Fetch.AI a changé la construction de sa blockchain, qui devait utiliser initialement le POUW. Après avoir lancé son token sur Ethereum, le projet a migré sur le Cosmos SDK. Il a commencé par développer son framework pour que les applications puissent utiliser les AEA avec son framework, Fetch.AI a mis en place Agentverse, un hub qui permet d’utiliser les AEA sans compétences techniques.

Il y a 8 projets déjà construits sur Fetch.AI. CoLearn est peut-être le projet le plus centré sur l’infrastructure de l’IA puisqu’il s’agit de construire un modèle décentralisé de machine learning, ce qui, comme nous l’avons déjà montré, est un des usages les plus évidents de la technologie blockchain dans le domaine de l’IA. Axim est complémentaire puisqu’il s’agit ici d’utiliser les datas et les AEA pour les prises de décision. Enfin, pour finir sur ces projets d’infrastructure, on peut citer Catena-X centré sur les processus d’automatisation.

Deux autres projets sont plus orientés applications « sociales ». Mobix est en quelque sorte un Move2Earn écologique centré sur les mobilités intelligentes. Le but est dans chaque déplacement est de choisir la mobilité disponible la plus écologique. Resonate est quant à lui un réseau social décentralisé.

Enfin, l’écosystème comprend 3 projets orientés DeFi: Atomix, Starfleit et Mettalex. Atomix est un protocole de lending qui a pour but d’utiliser la tokenisation des actifs du monde réel comme collatéral. Les deux autres projets sont des DEX. Metallex est peut-être le plus intéressant puisqu’il utilise la tokenisation des commodity.

La plupart de ces applications sont encore en construction ou en testnet, on peut donc s’attendre à un développement de cet écosystème dans les prochains mois. C’est à ce moment qu’il sera possible de commencer à évaluer l’apport de la technologie des AEA.

Si l’arrivée de ChatGPT a créé une hype peut-être démesurée, elle a eu le mérite de mettre en lumière de nouvelles problématiques et des projets comme Fetch.AI qui se développaient depuis longtemps. L’écosystème de ce projet est encore très jeune et on peut s’attendre à une extension rapide dans les prochains mois. Le partenariat entre Fetch.AI et Bosch dans le cadre d’un hackathon montre que ce projet est suivi par de grands groupes industriels.