FTX, interdiction du staking aux Etats-Unis: La fin des échanges centralisés ?

Les rapports entre le marché des cryptomonnaies et les échanges centralisés n’ont jamais été sereins. Mt Gox, Bitfinex, FTX sont autant de noms douloureux pour les utilisateurs qui ont perdu leurs fonds sur ces plateformes. Pourtant, on ne peut que reconnaître qu’ils sont pour l’instant un des vecteurs essentiels de la mass adoption. Leur utilisation est beaucoup plus facile que les wallets, échanges décentralisés et protocoles de perpetuals on chain et ils offrent plus de services que leurs concurrents on chain. Cependant, le succès de GMX et la transformation des protocoles DeFi montrent que nous sommes peut-être à un tournant. Est-il possible d’avoir une expérience utilisateur aussi complète et intuitive que dans les échanges centralisés mais on chain ? Pas sur un seul protocole mais il est possible de définir quelques outils.

Dans cet article, j’ai choisi globalement de ne pas parler du passage FIAT/crypto. S’il est maintenant facile d’acheter des cryptos en FIAT, le chemin inverse est plus difficile sans les échanges centralisés. Nous aurons donc à développer ce point dans un prochain article.

Le choix des wallets

Le passage a un stockage on chain de vos cryptomonnaies s’accompagne d’une responsabilité accrue. En effet, les utilisateurs possèdent les clés privées qui permet d’accéder à leur wallet et peuvent perdre leurs fonds en cas de perte ou de vol de ces clés privées. C’est pourquoi on recommande souvent aux utilisateurs de se prémunir au maximum contre ces aléas. Le hardware wallet de Ledger est le plus plébiscité pour la conservation des cryptomonnaies. Idéalement, il est préférable d’avoir deux wallets ledger. Un premier qui servira à conserver passivement ses cryptomonnaies sans interaction avec des protocoles (méthode la plus sécurisée), le second servira justement pour ces interactions. Attention, Ledger met à jour continuellement ses wallets, il faut regarder quelles sont les cryptomonnaies qu’il est possible de conserver avec ce wallet et avec quel réseau il est capable d’interagir.

Que ce soit avec un hardware wallet ou non, il vous faudra utiliser une interface pour interagir avec les protocoles on chain. Pour cette étape, il n’y a pas de solution miracle car les wallets qui cherchent à être universel (comme MathWallet ou Safepal) ne peuvent pas encore se connecter avec toutes les blockchains. Il est préférable d’utiliser pour l’instant plusieurs interfaces selon les écosystèmes.

Pour les blockchains EVM (Ethereum, BNB Chain, Avalanche), le wallet Metamask est le plus utilisé. Cependant, le wallet Rabby est un outsider plus friendly user. 44 blockchains sont déjà intégrées et l’équipe continue le développement de nouvelles fonctionnalités.

Pour les utilisateurs qui veulent utiliser l’écosystème Cosmos, le wallet Keplr possède toutes les fonctionnalités souhaitables. Il intègre nativement beaucoup de blockchain de l’écosystème et il est possible de staker ses tokens directement à partir du wallet.

Enfin, du côté de l’écosystème Polkadot, plusieurs solutions sont disponibles. Du côté extension navigateur, le wallet Polkadot.Js est le plus complet. Cependant, il n’est pas du tout friendly user. Beaucoup d’utilisateurs lui préfèrent Talisman qui est aussi compatible avec les blockchains EVM. Côté wallet mobile, on peut utiliser Subwallet et Novawallet même si beaucoup d’applications de parachains ne sont pas encore disponibles sur mobile. Mais nous reviendrons prochainement sur les wallets disponibles pour l’écosystème Polkadot.

Trading spot et futures: la transformation des échanges centralisés

Passons maintenant à la finance décentralisée. Je ne prendrai pas en compte la possibilité d’être liquidity provider car cela est propre à la DEX et cette fonctionnalité est très peu présente sur les échanges centralisés. Comme pour wallet, il n’y aura pas de solution unique. Mais les progrès sont constants pour améliorer l’expérience utilisateur. Du côté de l’achat en spot, de plus en plus de DEX (PancakeSwap, SpookySwap, Quickswap par exemple) proposent des ordres limites. Cependant, il est préférable d’utiliser les aggrégateurs Kyberswap et 1inch qui permettent de connaître les meilleurs prix puisqu’ils utilisent les pools des différents DEX sur chaque blockchain. Ils proposent aussi la possibilité d’acheter des cryptomonnaies par carte bancaire. Du côté Cosmos, le DEX Osmosis est un incontournable. Une nouvelle version devrait bientôt arriver mais pour l’instant il propose peu de fonctionnalités. Les DEX de Crescent et de Kujira, même s’ils proposent moins de tokens sont plus complets.

La situation est plus compliqué dans l’écosystème Polkadot. Dans un premier temps le DEX Acala/Karura (sur Kusama) semblait être destiné à devenir le centre de la liquidité mais le depeg de son stablecoin aUSD en été 2022 a montré les faiblesses de l’équipe. Depuis, plusieurs projets apparaissent avec des fonctionnalités plus novatrices pour attirer les utilsateurs: Equilibrium, qui se veut un hub DeFi complet, Polkadex, qui propose un order book ou encore HydraDX avec une omnipool qui permet de diminuer le slippage lors d’un swap. Mais pour l’instant, aucune de ses solutions ne s’est imposée, ce qui a fragmenté la liquidité. Aucun n’aggrégateur n’existe sur Cosmos et Polkadot ce qui oblige les utilisateurs à comparer eux-mêmes entre les différents DEX.

Malheureusement, chacune de ses solutions est spécifique à une blockchain ou un écosystème. SushiSwap a mis en place xSwap pour quelques blockchains EVM qui combine la fonction de swap et celle de bridge. Sushiswap utilise la technologie de Layer Zero qui veut rendre possible l’interopérabilité entre les blockchains tout comme Axelar. On peut aussi utiliser Rango Exchange qui combine la fonction d’aggregateur de DEX et aggrégateurs de bridges (pour les blockchains EVM, Cosmos et pour Solana)  mais ces dernières solutions ne disposent pas d’ordre limite. Pour ceux qui veulent utiliser des bridges plus classiques, les cinq bridges les plus utilisés sont Multichain, Stargate, Satellite d’Axelar, Wormhole et Synapse.

Comme vous pouvez le voir, la situation n’a pour l’instant rien de simple. Cette dispersion crée une fragmentation de la liquidité et il faut toujours faire attention au slippage possible (décalage entre le prix réel du token et celui que vous allez devoir payer à tel instant pour l’acheter).

Du côté du trading futures, beaucoup de solutions se sont développées ces derniers mois. Cette sorte de trading se fait essentiellement off chain, par conséquent elle est moins dépendante de la blockchain sur laquelle le protocole se construit (un protocole sur la blockchain Ethereum peut proposer du trading sur les cours de tokens de la blockchain Solana s’il peut connaître à chaque instant leur prix, ce qui est possible grâce à des oracles comme Chainlink (vous pouvez retrouver ICI mon dernier thread sur les oracles). 

Le leader dans cette catégorie est Dydx. Développé via la technologie StarkEx, une solution de seconde couche sur Ethereum, Dydx construit sa propre blockchain sur Cosmos. Il est aussi complet qu’un échange centralisé que ce soit dans le type d’ordre (sur 37 tokens actuellement), sur les indicateurs sur les courbes et sur les autres ordres. Il propose aussi des compétitions entre traders. Enfin, la possession du token DYDX permet d’avoir des réductions sur les frais de trading. Ses deux concurrents sont GMX et Gains network. Moins complets pour l’instant, ils reposent sur un modèle différent, le real yield, puisqu’il le staking du GMX et du GNS permettent de récupérer une partie des revenus du protocole.

Lending

Après ce long passage sur le trading passons au lending. Comme je l’ai indiqué, je laisse de côté la possibilité d’être liquidity provider sur les DEX. Mais tout utilisateur des échanges centralisés a déjà pu obtenir des rendements en mettant à disposition ses cryptomonnaies sur ces plateformes, avec ou sans lock. Les deux moyens d’obtenir des rendements sont le lending dans lequel on prête ses tokens et le staking.

Le leader incontesté du lending est Aave qui est devenu multichain. Quatre autres protocoles de lending ont aussi beaucoup de TVL mais restent sur une seule blockchain: Justlend (Tron), Compound (Ethereum), Venus (BNB Chain) et Euler (Etheurem). Sur l’écosystème Cosmos, KavaLend est le protocole lending le plus important et sur Polkadot, Parallel Finance n’a pas de concurrent notable.

Tous ces protocoles ont globalement le même fonctionnement: Il est possible d’y déposer des cryptomonnaies qui pourront être empruntés par d’autres utilisateurs et qui peuvent servir de collatéral pour emprunter à son tour. Les taux de prêts et d’emprunts dépendent du taux d’utilisations des différents tokens et le ratio entre le collatéral déposé et l’emprunt dépend de la volatilité du token afin de garantir l’équilibre économique du protocole. Les emprunts décentralisés ne sont pas sans risques car si ce ratio est trop bas les emprunteurs peuvent être liquidés.

Radiant est sans doute le protocole de lending le plus novateur. Ce jeune protocole apparu durant l’été 2022 s’apprête à proposer du lending cross-chain grâce à la technologie de Layer Zero. Déployé dans un premier temps sur Arbitrum, il va se déployer prochainement sur la BNB Chain. À terme, il sera possible de déposer du collatéral sur une blockchain et d’en emprunter sur une autre. Cette fonctionnalité, que Aave devrait aussi mettre en place selon sa roadmap, sera un atout pour apporter une expérience utilisateur comparable à celle des échanges centralisés.

Staking

Un des derniers éléments importants qu’il faut prendre en compte pour prétendre rivaliser avec les échanges centralisés est le staking, qui est proposé sur la plupart des plateformes. Celui-ci est en réalité toujours on chain, mais sur les échanges centralisés vos tokens sont gérés directement par la plateforme. Il existe de plus en plus de solutions qui permet de staker facilement ses tokens. Lido est le leader de ce marché avec sa solution de liquid staking pour les tokens ETH, DOT, KSM, SOL et MATIC. Le protocole de liquid staking Stader rivalise avec Lido pour multiplier les tokens stakables sur son application. Dans l’écosystème Polkadot, Bifrost propose aussi une plateforme de liquid staking pour plusieurs tokens de l’écosystème. Pour l’écosystème Cosmos, le staking est directement disponible à partir du wallet Keplr. Enfin, l’application du wallet Ledger permet aussi de staker un certain nombre de tokens. Ces différentes applications montrent ainsi que le staking sans l’intermédiaire de plateformes centralisées est une des fonctionnalités les plus simples à utiliser pour beaucoup de tokens.

Inutile de mentir. Les protocoles on chain sont encore loin de pouvoir rivaliser avec la simplicité des échanges centralisés. L’hétérogénéité des blockchains obligent les utilisateurs à utiliser des multiples applications pour obtenir les mêmes services. Pourtant, les volumes sur ces applications ont augmenté depuis la chute de FTX et leurs fonctionnalités s’améliorent rapidement. Les prochaines années seront sans aucun doute un tournant dans cette lutte entre applications décentralisées et échanges centralisés. Nous aurons aussi à explorer le terrain des échanges hybrides qui commencent à apparaître, dont Deepwaters qui vient de faire son IDO sur Avalaunch.

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