IOTA: l’internet des objets s’installe dans les applications décentralisées

Présent dans l’écosystème blockchain depuis 2015, le réseau IOTA s’est dès le début centré sur l’internet des objets. Cette spécificité lui a permis d’attirer rapidement l’attention. Il a eu un fort succès en 2018 mais depuis le réseau peine à retrouver en visibilité. Pourtant, son architecture en DAG permet une scalabilité cohérente avec sa vocation à multiplier ses usages dans les années à venir. Le lancement récent d’une Ethereum Virtual Machine sur son réseau “secondaire” Shimmer a sans doute été la pièce qui manquait à IOTA une plaque tournante entre le web3 et l’économie réelle. Cet environnement permettra de développer des applications décentralisées qui pourront être utilisées dans l’univers des objets.

Équipe et premier partenariat

La fondation IOTA, qui sera à l’origine du réseau du même nom, a été créée par quatre allemands: David Sønstebø, Dominik Schiener, Serguei Popov et Sergey Ivancheglo. Dès le début, le projet a été orienté vers l’internet des objets. Le but de cette fondation est de construire un réseau dans lequel les objets connectés pourraient interagir afin de créer des smart homes ou smart cities. Vu le nombre d’objets qui pourraient appartenir à cette économie, il fallait construire un réseau capable de soutenir beaucoup plus de transactions que le bitcoin ou le litecoin, deux des réseaux principaux à cette époque. La fondation IOTA a fait une ICO en novembre 2017 pour lancer le projet et celle-ci a récolté 1337 Bitcoins.

Depuis 2017, IOTA a développé un très grand nombre de partenariats avec des sociétés comme Cisco, Microsoft, Samsung et Volkswagen. Cela lui a permis de faire partie des cryptomonnaies les plus capitalisées durant le bull run 2017-2018. Pourtant, IOTA était encore loin de la maturité. Pour rendre possible l’interaction avec les objets connectés à une puce, le réseau doit développer une sécurisation des données afin que celles-ci puissent être utilisées dans un second temps par des applications décentralisées.

Suite à un différend entre les cofondateurs de IOTA David Sønstebø et Sergey Ivancheglo, ce dernier a démissionné du conseil d’administration de IOTA le 23 juin 2019. Le 10 décembre 2020, le conseil d’administration et le conseil de surveillance de la fondation IOTA ont annoncé que la fondation se séparait officiellement du cofondateur David Sønstebø.

L’architecture de Iota

Afin d’atteindre cet objet, IOTA devait construire des fondations solides pour avoir un réseau le plus scalable possible, c’est-à-dire rendant possible un très grand nombre de transactions et évolutif. IOTA a donc utilisé un graphe acyclique dirigé (DAG) appelé Tangle pour construire l’architecture de son réseau. En fait, depuis la création du bitcoin, deux types d’architecture ont été principalement utilisés. La blockchain, ou chaîne de blocks, est la plus utilisée. Malheureusement, l’enchaînement linéaire des transactions conduit souvent à un encombrement du réseau. C’est pour cette raison que les blockchains de nouvelles génération utilisent de plus en plus souvent le sharding pour paralléliser les transactions. On retrouve le sharding dans l’architecture de Near, Elrond, Casper mais aussi dans les futures mises à jour d’Ethereum. Le DAG est le second type d’architecture privilégié. Il est utilisé par Avalanche, Hedera Hashgraph et donc aussi par IOTA. Le DAG permet d’entrelacer les transactions pour aboutir à une parallélisation aussi efficiente que le sharding.

Dans le Tangle, les utilisateurs et les nœuds ont tous les deux un rôle dans la validation des transactions. Les nœuds contiennent chacun l’historique des transactions mais ce sont les utilisateurs qui valident aussi les transactions. En effet, chaque utilisateur sert de preuve de travail pour confirmer deux autres autres transactions du réseau. Servant aussi de validateurs, les utilisateurs n’ont donc pas à payer de frais de transaction sur le réseau, ce qui est indispensable dans la perspective de l’interaction entre objets connectés. La création d’une smart home ou smart city s’accompagne de millions de transactions annuelles, ce qui serait impossible si chacune d’entre elles engengrait des frais. De plus, cette méthode de validation permet aussi d’augmenter la scalabilité du réseau puisque le nombre de confirmations augmente avec le nombre de transactions. Cependant, il existe un coordinateur qui sert à valider définitivement les transactions. C’est sans aucun doute le point faible du réseau car il introduit une centralisation sur le réseau. La fondation Iota a longtemps considéré que cette entité centrale reste nécessaire tant qu’il n’y a pas assez de nœuds sur le réseau. Cependant, la fondation met peu à peu en place la deuxième version du réseau, actuellement en devnet.  Deuxième version qui passe par un coordicide, un meurtre du coordinateur, afin de décentraliser complètement le réseau.

Afin de pouvoir multiplier les usages, le réseau IOTA rend possible la création de smart-contract sur son réseau. Cependant, les smart-contracts ne sont pas exécutés directement mais dans des sous-réseaux dédiés. Pour construire ces sous-réseaux, Iota a mis en place un réseau intermédiaire, Assembly, qui est une pool de validateurs. Assembly est VM agnostic, ce qui signifie que les sous-réseaux pourront installer n’importe quelle machine virtuelle. Cependant ces sous-réseaux peuvent cependant interagir entre eux puisqu’ils ont le layer 1 et son framework de tokenisation en commun. Afin de pouvoir construire ces différents modules qui sont autant de layer 2, IOTA a évidemment mis en place des outils pour les développeurs: la possibilité de créer des tokens afin de rendre compte sur la blockchain de n’importe quel usage, des oracles et aussi des wallets dédiés à l’internet des objets. Cependant, le réseau Assembly est encore en développement.

Partenariats et usecases

Si la construction du réseau IOTA semble démesurément lente, c’est parce que son ambition est démesurée. Alors que beaucoup de projets se focalisent sur la transition du web2 vers le web3, IOTA est déjà à l’étape suivante: la connexion du web à la vie réelle. Même si les premiers partenariats ont été signés en 2017, il faut attendre 2018 pour que les premiers cas d’usage apparaissent. Cependant, en novembre 2017, l’ouverture de la Data marketplace a permis aux entreprises d’essayer le réseau. 

Voici quelques uns des cas d’usages du réseau depuis 2018:

  • Avril 2018: Premières Smart Charging Station aux Pays-Bas:  Création de station de recharge pour voiture électrique avec possibilité de paiement en IOTA.
  • Septembre 2018: Partenariat entre IOTA et Engie Labs Crigen dans le cadre du Smart Energy Ecosystem pour utiliser l’internet des objets dans le domaine de l’énergie.
  • Décembre 2018: Partenariat entre IOTA et Riddle & Code pour rendre possible des transactions autonomes de machine à machine.
  • Janvier 2019: Partenariat entre IOAT et IBCS Poland pour établir une chaîne de traçage de produits.
  • Février 2019: ElaadNL et IOTA ont établi un partenariat pour équilibrer de manière autonome la consommation d’énergie.
  • Mai 2019: Partenariat entre EVRYTHNG et IOTA pour mettre en place un système de traçabilité des vêtements. Le consommateur pourra ainsi vérifier la provenance et l’authenticité des vêtements achetés.
  • Février 2020: Partenariat entre Trondheim et IOTA pour mettre en place une smart city à travers 17 buts qui pourront utiliser la technologie IOTA (traçabilité, usage optimal de l’énergie).
  • -Décembre 2020: Partenariat entre IOTA et ClimateCHECK pour promouvoir l’usage du réseau IOTA dans le cadre du développement durable.
  • Décembre 2020: collaboration entre Dark Matter Labs et IOTA sur l’identité numérique et son respect du RGPD.
  • Juin 2021: Partenariat entre IOTA et Fetch.ai. Fetch.ai est une blockchain spécialisée dans l’intelligence artificielle qui collabore avec IOTA pour créer des AEAs (Autonomous Economic Agents)

Shimmer: le réseau expérimental de Iota

Au fur et à mesure de sa construction, IOTA a senti que la nécessité d’assurer une sécurité maximale pour les données présentes sur son réseau ralentissait son développement et le passage pour un testnet est devenu de plus en plus insuffisant. C’est ainsi qu’est né Shimmer. Celui-ci est un réseau dit canary, comme peut l’être Kusama pour Polkad. Il s’agit d’un réseau qui permet de tester, d’expérimenter dans des conditions réelles. Par conséquent, suivre le déroulement de la roadmap de Shimmer permet de comprendre le futur de IOTA. Cependant, vu que Shimmer reste un réseau “test”, il sera beaucoup moins orienté entreprises que le réseau principal. Cependant, il sera un test essentiel pour savoir si le framework de tokenisation est efficient ainsi que la mise en place des machine virtuelle pour utiliser les smart-contracts.

Shimmer nous montre ce que sera IOTA 2.0, un réseau complètement décentralisé et sans coordinateur. Tout comme IOTA Shimmer est un layer 1. Il dispose déjà du framework de tokenisation (token fungible et non fungible) sur le layer 1, et on peut lui ajouter des smart contracts chains utilisant une EVM ou le WASM. Shimmer a mis aussi en place le programme incitatif Touchpoint pour inciter les projets à utiliser le réseau.

Lancé fin septembre sur le mainnet, le réseau Shimmer accueille déjà quelques applications. Il y a actuellement 71 projets recensés dans ce jeune écosystème. Étonnement, ces premiers projets sont assez classiques dans l’environnement EVM, projet DeFi, gaming et plusieurs projets DAO. Pour gérer la liquidité du réseau, trois DEX se sont déjà positionnés: Feeless Finance, un DEX sans aucun frais de transactions, Iotabee, un DEX multichain, et enfin ShimmerSea et TangleSWap, qui se positionnent pour être les DEX principaux de Shimmer. Du côté lending, deux protocoles se mettent en place: Lendexe et Onomy, celui-ci proposant aussi un stablecoin décentralisé qu’il sera possible de minter en échange d’un collatéral. Les projets de DAO sont plus proches de l’esprit de Iota. On peut retenir trois projets de ce type: DAO Builder qui permet justement de construire facilement des DAO, DePa Pirates DAO, un parti décentralisé prêt à prendre part aux décisions de toutes collectivités et Home DAO, qui se focalise sur l’impact environnemental des activités humaines.

Même s’ils ne livrent pas encore tout le potentiel de Shimmer, ces premiers projets montrent que les développeurs s’intéressent à ce réseau. On devrait voir de plus en plus d’interaction entre les projets construits sur l’EVM et les outils du domaine de l’internet des objets.

Tokenomics de IOTA, Shimmer et Assembly

De par sa construction, l’écosystème IOTA a trois tokens natifs: le IOTA, le SHIMMER et l’ASSEMBLY.

Le IOTA est évidemment le token principal. Il a une supply de 2 779 530 283 277 761 tokens. Cette supply a été choisie pour éviter l’utilisation de virgule. Cependant, les exchanges n’utilisent pas cette unité mais utilisent le MIOTA qui correspond à 1 millions de IOTA. Le très grand nombre de tokens facilitent les micro-transactions qui sont souvent utilisées sur ce réseau.

La genesis des deux autres tokens a été distribué aux holders de IOTA via un staking. La distribution du token ASSEMBLY est encore en cours pour les stakers.

Le SHIMMER (SMR) a une supply de 1 813 620 509 tokens. 80% ont été distribués aux stakers de IOTA, 10% appartiennent à la Tangle Ecosystem Association et 10% appartiennent à la DAO de Shimmer.

L’ASSEMBLY (ASMB) a une supply de 100 000 000 000 tokens. 20% sont distribués au stakers de IOTA, 10% aux premiers participants, 40% à la DAO, 10% au fond de développement de l’écosystème et enfin 20% à la fondation IOTA.

En se positionnant sur l’internet des objets, la fondation Iota savait dès 2015 qu’elle construisait un réseau qui ne serait achevé que dans de nombreuses années. Sept ans après, nous pouvons mieux mesurer les progrès accomplis et le chemin qu’il reste à faire. Mais nous pouvons aussi prendre conscience de la capacité de l’équipe de Iota à faire évoluer ce réseau pour rapprocher toujours plus le monde des objets connectés et l’économie qui se met en place dans l’écosystème blockchain. La sortie récente du réseau EVM sur Shimmer devrait accélérer l’adoption de ce réseau et faire apparaître de nouveaux cas d’utilisation.

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