Depuis un an, le monde des parachains de Kusama et Polkadot est peut-être divisé en deux catégories. D’un côté nous avons les parachains qui se sont focalisées sur un projet (comme Phala Network ou Subsocial) et de l’autre nous avons des parachains qui sont des plateformes sur lesquelles peuvent se déployer des dApps. Moonbeam et Astar sont sans nul doute les projets phares de cette seconde catégorie. Gear Technologies a l’ambition de modifier le rapport de force dans cette dernière catégorie en se positionnant comme plateforme pour smart-contract. Cependant, contrairement à ses deux concurrentes, Gear ne sera pas un réseau EVM mais proposera le WASM aux applications qui s’y installeront.

Comme tout projet de l’écosystème Polkadot, Gear Technologies est construit à partir du framework Substrate. Gear a choisi cet environnement pour gagner du temps dans son développement. Cependant, même avec Substrate, la mise en place d’une blockchain demande du temps et des ressources inaccessibles à certains projets. Gear propose pour aider les développeurs le principe de l’Actor Model.

Gear est un réseau permissionless sur lequel toutes les équipes peuvent construire des projets en utilisant le WASM. Chaque smart-contract et chaque utilisateur sont appelés des acteurs du réseau. Chaque acteur est indépendant. Il n’a pas à partager d’état mais uniquement à échanger des messages avec les autres acteurs. L’Actor Model permet de minimiser les contraintes de réseau sur la dApps pour lui permettre de gagner en vitesse et de construire des applications plus complexes. De plus, en utilisant le WASM comme Substrate, ces dApps pourront nativement communiquer avec n’importe quelle parachain de l’environnement Polkadot ou Kusama. Un autre grand avantage de l’utilisation du WASM est de pouvoir attirer un grand nombre de développpeurs du web2 puisque les langages Rust, C, C++, GO… peuvent être utilisés dans le WASM ou Web Assembly, ces codes seront ensuite compilés pour être utilisés sur le web. Si la prédiction de Gavin Wood selon laquelle l’avenir des smart-contracts se trouvent dans le Web Assembly, on comprend donc pourquoi Gear veut s’assurer une place de choix dans l’écosystème Polkadot.

Le projet propose une série de modules préfabriqués pour un certain nombre de services: mise en place d’une DAO, service d’escrow pour les échanges décentralisés, explorateur de blocs… La documentation pour ces modules et le déploiement des dApps sur GEAR est complète. Tout est donc là pour faciliter au maximum le travail des développeurs. En fait, on peut facilement imaginer des projets s’installer dans un premier temps sur Gear pour développer une application en Web Assembly sans avoir à gérer leur propre réseau et à déployer leur propre parachain dans un second temps. On peut donc voir dans ce projet un accélérateur pour l’adoption de l’écosystème Polkadot par les développeurs. 

Afin d’assurer le maximum de décentralisation, GEAR ne propose pas d’équipement minimal pour construire un node personnel en local ou un node publique sur un serveur. Construit sur Substrate, GEAR pourra faire ses mises à jour sans hardfork. Pour l’instant, le réseau est simplement en testnet.

Parlons pour finir de l’équipe de GEAR Technologies. Le fondateur (et CEO) est Nikolay Volf. Développeur chez Parity depuis sa création en 2016, il fait partie de ceux qui ont apporté le Web Assembly dans le framework Substrate. Mais avant cela, c’est surtout un pionnier du Rust et du Web Assembly dans le web2. Nikolay Volf et le CTO de GEAR Peter Volynksy font régulièrement des workshops dans les universités pour inciter les étudiants développeurs à se diriger vers le web3 et le Web Assembly. L’énergie qu’ils mettent dans ce travail d’incitation montre leur conviction vis-à-vis de l’avenir du WASM pour le codage des smart-contracts.

Le projet de GEAR Technologies est soutenu par de nombreux Ventures Capital et a déjà effectué une levée de fonds de 12 millions de dollars en novembre dernier. Gavin Wood a personnellement investi dans cette levée de fonds, ce qui montre son intérêt pour ce projet. Du côté des partenariats dans l’écosystème Polkadot, GEAR a intégré le service 1RPC de Automata Network sur ses nodes. Cela lui permet de masquer les métadata des utilisateurs lorsqu’ils se connectent aux nodes afin de garantir une confidentialité. Un second partenariat vient d’être signé avec Crust Network. Le réseau de stockage décentralisé peut être utilisé par les développeurs directement à partir d’un compte GEAR. Dans le futur, les données des dApps du réseau GEAR Technologies pourront être stockées sur Crust.

Nouveau venu dans le champ des plateformes de smart-contract, GEAR a tous les atouts pour s’imposer dans l’écosystème Polkadot à côté de Moonbeam et d’Astar. Il en sera le complément naturel, le premier étant centré sur l’EVM et le second se voulant un réseau hybride, multi-virtual machine. Avec sa volonté de simplifier le travail des développeurs, l’équipe de GEAR espère aider les entreprises du web2 à faire leur conversion au web3 sans douleur.