Le tout nouveau protocole de lending Radiant Capital lancé sur Arbitrum navigue à contre-courant de l’ambiance générale de la DeFi. Alors que beaucoup de protocoles ont vu les montants investis dessus fondre depuis le mois de mai, Radiant a réussi à atteindre une TVL de plus de 260 millions de dollars en quelques jours. La recette de son succès: annoncer un produit cross-chain qui pourrait concurrencer la v3 du célèbre protocole Aave.
L’ambition de Radiant Capital
Radiant Capital est un protocole de lending qui s’est installé cette semaine sur le layer 2 Arbitrum. Mais son ambition ne s’arrête pas à ce layer 2 qui s’est peu à peu imposé dans le monde de la DeFi. Radiant veut créer un protocole de lending non pas seulement multichain mais omnichain. La différence est grande. Radiant ne veut pas se déployer sur une multitude de blockchains mais veut abolir les barrières entre les blockchains pour l’utilisateur. Si nous voulons arriver à une adoption plus grande de la finance décentralisée et donc du lending, il faut que les investisseurs puissent déposer leurs actifs sur n’importe quelle blockchain et emprunter sur n’importe quelle autre. En plus de proposer un outil plus simple pour les utilisateurs, il a aussi le mérite de rendre ainsi superflu les bridges. On peut imaginer que chaque token reste ainsi sur sa blockchain native. Il y a actuellement 17 milliards de TVL sur les 10 premiers protocoles de lending mais dispersés sur 13 blockchains. Le but de Radiant est de réunir toute cette liquidité dispersée afin qu’elle soit le plus liquide possible. En effet, si on regarde de près certains protocoles de lending, on peut constater que certains actifs sont sous-empruntés, alors que d’autres sont sur-empruntés, ce qui rend d’utiliser la sortie de ses propres actifs déposés. Avec un protocole omnichain tel que veut le le faire Radiant mais aussi la troisième version de Aave.
RDNT, le token de gouvernance
Le choix de Arbitrum comme de départ n’est pas anodin. Arbitrum s’impose mois après mois comme un des layers 2 d’Ethereum les plus importants dans le domaine de la DeFi. De plus, les frais de transactions y sont réduits avec en plus une scalabilité importante. Pour l’instant, seul ce réseau est utilisé pour cinq actifs (USDC, USDT, DAI,ETH,WBTC). En dehors, du rendements générés par les emprunts, le protocole propose aux prêteurs et aux emprunteurs du liquidity mining du token de gouvernance RDNT, ce qui permet pour l’instant d’emprunter à un taux négatifs puisque le liquidity mining compense les taux d’intérêt de l’emprunt. L’offre de liquidity mining est disponible aussi pour ceux qui stakent le RDNT et pour les liquidity provider de la pool WETH/RDNT. Les récompenses sont mises en vesting sur une période de 28 jours. Pendant ce vesting, les possesseurs de RDNT récupèrent 50% des intérêts des emprunteurs. Il est possible aussi de locker ses RDNT (toujours pour une durée de 28 jours) pour récupérer ces intérêts. Dans ce cas là, ils récupèrent aussi les 50% de pénalités de ceux qui refusent le vesting de 28 jours. Dans une seconde étape, il sera possible de locker ses RDNT pour une durée plus ou moins longue afin d’obtenir un pouvoir de vote pour la future DAO de Radiant.

Les possibilités d’emprunt sur Radiant
Radiant propose la possibilité d’emprunter avec un effet de levier. Le premier emprunt sera posé comme collatéral pour emprunter et ainsi de suite cinq fois. Cela permet d’optimiser les rendements liés aux dépôts. Évidemment, ce processus amplifie les risques de liquidation. Le seuil de liquidation est entre 75 et 85% selon les actifs (cela signifie quand la valeur empruntée correspond de 75 à 85% à la somme déposée). Lorsqu’un emprunteur arrive à ce seuil, il est éligible à la liquidation. Les liquidateurs déclenchent la liquidation par leur bot. Ils paient la dette de l’emprunteur et en échange récupèrent leur collatéral. Les emprunteurs ont cependant un malus de 15% pris sur leur collatéral, malus redistribué à moitié aux liquidateurs et à moitié à la trésorerie du protocole. Les liquidateurs jouent un rôle important pour la pérennité du protocole puisqu’ils assurent sa solvabilité, c’est pourquoi ils récupérent 7,5% de bonus de par le rôle qu’ils jouent.

Une solution omnichain grâce à Layer Zero

Ils ne nous restent plus qu’à expliquer la solution crosschain ou même omnichain que Radiant veut mettre en place. Celle-ci repose sur le projet d’interopérabilité Layer Zero, fondé par Layer Zero Labs. Layer Zero est un protocole interopérable omnichain. Comme nous l’avons indiqué dans notre article sur les layers, ce qu’on appelle les layers 0 sont l’ensemble des solutions qui permet une interopérabilité entre les blockchains. Polkadot et Kusama sont des layers 0 comparé aux parachains qui gravitent autour. Le framework Cosmos SDK en est un autre dans l’écosystème Cosmos. Mais plusieurs solutions se construisent pour proposer une interopérabilité totale qui ne soit pas lié à un écosystème. Les deux solutions à suivre actuellement sont Axelar et Layer Zero. C’est cette dernière solution qui a été choisi par Radiant pour développer son protocole crosschain. Le but de Layer Zero (et de son protocole Stargate) est de permettre à des applications déployées sur des blockchains différentes (ou une même application déployée sur plusieurs blockchains) de communiquer entre ellez sans avoir à créer de tokens intermédiaires comme pour les bridges classiques. Il faut passer par un oracle qui va garantir que l’utilisateur possède bien le token A sur la blockchain 1 pour que le protocole lui donne en échange le token B sur la blockchain 2. Grâce à Layer 0, Radiant pourra donc rendre transparent le passage entre les réseaux pour les prêteurs et emprunteurs.
Mise aux points sur les critiques qui ont circulé cette semaine
Impossible de finir cet article sans parler des rumeurs qui ont circulé autour de Radiant juste au moment de son lancement. L’élément déclencheur de ces rumeurs a sans doute été un bug qui a conduit des utilisateurs à recevoir par erreur le token de test du protocole. Parmi les critiques qui ont pu être fait aux protocoles, les 3 principales sont le lien entre des membres de l’équipe et Sifu, cofondateur de Wonderland et accusé de détournement des fonds de ce protocole, l’absence d’audit des smart-contracts, et l’absence de muti-sig. Pour éviter que ces rumeurs ne perturbent le lancement du projet, l’équipe s’est empressée de remettre les choses au clair. Elle a d’abord démenti ses liens avec Sifu et a montré les documents d’audit. Enfin elle a mis en place le multi-sig sur l’ensemble du protocole et mêmes sur les oracles. Pour renforcer au maximum la confiance, elle vient de mettre un timelock sur les smart-contracts. Il y a un délai de deux jours pour toute action sur les smart-contracts. Tous ses éléments rendus rapidement publics ont permis de désamorcer les débuts de critiques.
Nouveau venu dans le monde du lending, Radiant a rapidement trouvé sa place. Ce sera sans aucun doute un élément important pour Arbitrum dans la guerre des layers 2 qui se prépare. Mais avec son partenariat avec layer Zero et sa dimension omnichain, Radiant ne veut pas être rattaché à n’importe quel réseau mais veut devenir un instrument financier important de la finance décentralisée.
3 réflexions sur “[DeFi] Radiant, un nouvel outsider dans le monde du lending sur Arbitrum (ETH layer 2)”